Ma première véritable expérience de soumission fut une confirmation brutale, et totale, de ma nature intime. Lors de rapports charnels, je sais, désormais que je dois être guidé, malmené, abandonné à de puissantes mains et saveurs.
Le cheminement fut long. De regards insistants sur de jolis pieds dans la rue, à la déception de femmes décontenancées par un manque certain de virilité dans le secret des alcôves. Aurais-je du, ne serait-ce qu’une fois, avouer à l’une d’elles que je pourrais la lécher des heures mais que je n’éprouvais aucun plaisir à prendre le dessus sur elle en la pénétrant ? Sûrement. Après tout ce n’était que des rencontres fugaces. Qu’elle se soit moquée de moi n’aurait pas tant que ça porté à conséquence. Le souci est plus profond, il y a une forme de honte à s’affirmer soumis. Il est plus facile pour un homme de se déclarer gay, j’en suis persuadé.
De plus en plus tiraillé par ce désir profond de séduire, de plaire, et l’impasse sexuelle dans laquelle cela me mettait, je décidai de franchir le pas. Fini la période où je me relevais discrètement la nuit pour humer les parfums des collants, chaussettes, chaussures ou, par chance, culotte de la dulcinée du soir qui dormait paisiblement dans mon lit. Il fallait que je me prenne en main ! De forums en forums, je découvris que plusieurs personnes avaient recours à des dominatrices dites professionnelles. Voyons, je n’allais pas m’abaisser à ça. Ce n’est pas pour moi. Et bien que nenni !Tout snobisme a une fin, je décidai de céder !
Elle s’appelait Sarah et proposait des rencontres basées sur le face sitting et le cunilungus. Le dialogue s’enclencha et son ton ouvert mais directif me plu de suite. Je voulais déjà être noyé sous son fessier rien qu’à la lire, comme un personnage de Bukowski. Je ne voulais pas de la demi-mesure et lui demandais, avec la crainte d’être trop trivial et de faire capoter le dialogue, si elle accepterait de négliger son hygiène pendant un ou deux jours, du moins de ses sous-vêtements, afin que le face sitting soit plus intense. Je fus ravi lorsque qu’elle accepta, et qu’elle ponctua son accord en me qualifiant de « salope perverse ». Allez, pourquoi pas !
Le stress commença à m’envahir au début de l’après-midi du jour de la rencontre. Je fis trois fois le message de ma chambre. Bu un puis deux verres de Sancerre pour me calmer. Qu’étais-je en train de faire ? Et si c’était une arnaque ? Et si trois gugusses arrivaient chez moi pour me cambrioler finalement ? J’étais paniqué ! Je devais lui communiquer par tel mes codes d’entrée et j’eu l’idée de lui donner rdv devant le Monoprix de chez moi, prétextant le fait que cela m’excitait de faire quelques pas dans la rue avec elle en « mode » normal avant de monter chez moi. Elle accepta le deal et cela me rassura !
Vint enfin l’heure, je descendis et commença a transpirer quand je reçus le texto me disant qu’elle était à trois stations de métro. Je me mis devant le Monoprix, mais un poil en retrait tout de même, la couardise se réveillant ! C’est en farfouillant dans mon téléphone que je fus distrait par une voix : « c’est toi Michel? ». C’était elle, fidèle à la photo. Ma Sarah, ma belle métisse en collant, était face à moi. Tétanisé mais cette fois par l’excitation. Je bredouillais quelques mots, très maladroits mais elle n’était de toute façon pas très bavarde. Une fois chez moi, et dans ma chambre (comment ai-je fait pour ne pas avoir la décence de lui proposer un verre auparavant ?), je me délestais de ce qui incombait à son aspect professionnel. Elle regarda ses textos et me demanda de me mettre à l’aise. « Alors comme ça tu aimes être dominé ? Il y en a beaucoup des comme toi tu sais, beaucoup, beaucoup ».
J’étais en caleçon et t-shirt, assis sur le bord du lit. Elle vint me rejoindre, retira ses baskets. Elle a de beaux pieds me dis-je. Une fois ses collants enlevés, elle me demanda de m’allonger. Je n’avais jamais ressenti une telle érection. Elle se mit à quatre patte de telle façon que je voyais ses fesses approcher petit à petit de mon visage. Cela sentait de plus en plus fort au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. D’un coup elle plaqua son fessier sur mon visage et fit des mouvements de va et vient. « J’espère que ça sent assez fort pour toi ? ». Oh que oui !! Et comment !! Elle retira sa culotte qu’elle me fit lécher, me crachat plusieurs fois dans la bouche et ce fut parti pour deux longues heures à lécher, humer, dévorer son anus et son minou, le tout ponctuer de quelques gifles (assez puissantes ma foi !) lorsque je baissais de régime.
J’aurais pu continuer des heures tant j’étais envoûté. Elle partit, l’air satisfaite, je devais avoir bien travaillé me semble-t-il ! Elle me laissa sa culotte, que je pu reniflé des heures durant. Lorsqu’elle quitta l’appartement, je restais allongé longtemps, à écouté de la grande musique, vidé, lessivé, mais accompli. Oui, j’étais vraiment fait pour être soumis. Je me sentais comme une femme épanouie à qui on vient de faire royalement l’amour. Je passais ma soirée à me promener dans la ville, heureux, avec l’air de détenir le secret du bonheur, et non plus celui de la honte.
Michel
Illustration : Francis Loup (avec IA)